Samir Bettaieb, incompétent ? Et alors ?

Article rédigé par Zied AHMED, agroéconomiste.

En 5 ans, de 2011 à 2016, trois ministres se sont succédés sur le département agricole en Tunisie. Si Mohamed Ben Salem était sur le compte d’Ennahdha, Lasaad Lachaal et Saad Seddik étaient tous les deux indépendants. Le dénominateur commun entre ces trois personnalités était leurs connaissances plus moins avancées des problématiques du secteur agricole en Tunisie. Ils sont ingénieurs agronomes de formation et ils ont occupé des postes de responsabilité dans le secteur agricole en Tunisie et/ou à l’étranger (c’est le cas de Lassad Lachaal et Saad Seddik).

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De gauche à droite et de haut en bas : Mohamed ben Salem, Lassaad Lachaal, Saad Seddik et Samir Bettaeib.

En dépit de leurs compétences avérées dans le domaine, le secteur agricole tunisien n’a connu aucune amélioration notable. Les mêmes problématiques persistent et le constat demeure le même. Les trois ministres n’ont même pas pris la peine d’élaborer une stratégie ou une politique pour faire sortir le secteur de sa situation alarmante.

Hier, le 20 août 2016, Samir Bettaieb est nommé à la tête du Ministère de l’Agriculture. Cette nomination a été fortement contestée par les internautes tunisiens. Ces derniers dénigrent cette décision sous le prétexte que Samir Bettaieb n’est pas compétent pour ce poste et n’appartient pas à « la famille agricole ». Sachant que je ne défends ni la personne ni son parti politique, j’ai envie de savoir qu’est-ce que « les compétents » ont apporté pour l’agriculture et le monde rural ? Ont-ils pris des décisions en faveur de l’agriculteur, de l’ingénieur agronome ou du vétérinaire ? Ont-ils proposé des solutions pour les problèmes structurels de notre secteur ? Vous étiez certainement émus par le cirque appelé « dialogue national sur l’agriculture » organisé par Saad Seddik et ses amis de l’UTAP !!

Cher(e)s collègues, l’avenir de l’agriculture en Tunisie n’est pas entre les mains d’un ministre. l’avenir de ce secteur doit être défini dans les orientations générales de la politique de développement de notre pays. Or comme vous le savez et jusqu’à nouvel ordre, l’agriculture n’est pas la priorité de notre gouvernement et n’est pas une orientation en matière de développement. Par conséquent, même s’ils nomment la personne la plus qualifiée en Tunisie en agriculture et en développement rural, elle ne pourra, malheureusement, rien changer. Tant que nos syndicats agricoles, UTAP et SYNAGRI, nos associations, nos coopératives, nos syndicats d’ingénieurs demeurent inactives politiquement et continuent à brosser dans le sens du poil, nous pouvons toujours attendre un vrai changement dans le secteur agricole. Et comme dit le proverbe tunisien « Estanna ya djeja lin yjik el 9am7 men Béja ».

9 réflexions sur “Samir Bettaieb, incompétent ? Et alors ?

  1. La question du million: le nouveau ministre a-t-il le courage de prendre des décisions indépendamment des postes et des personnes à changer (chose que les autres ministres n’ont pas voulu faire parce que les responsables à changer sont généralement des collègues connus de la même génération ou des ex-enseignants, encadreurs, etc.)? Ce ministre, s’il veut réussir, il doit « casser les œufs nécessaires pour faire l’omelette attendue par la plupart des concernés par le secteur agricole.

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      • Les technicistes ne voient dans le ministère de l’agriculture que les questions de production et sa base matérielle qui sont les ressources naturelles. Et bien ce ministère est beaucoup plus que cela, c’est aussi un tissu institutionnel et juridique et c’est justement cette superstructure qu’il faudra examiner et réformer par le programme du gouvernement d’union national. Dans cette orientation, le profil de Samir Taieb, professeur à la faculté de droit convient parfaitement à ce poste de ministère de l’agriculture.

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      • C’est vrai que la question de la réforme du ministère est une problématique à part entière. Samir Bettaieb pourrait certainement apporter sa touche dans cette réforme. Malheureusement, les obstacles sont nombreux : 1- Il connait pas la gouvernance interne et les multiples conflits qui existent dans cette administration 2- le parti politique le plus représenté dans ce ministère bloquera, par tous les moyens, ce genre de réforme afin de garder ses militants infiltrés toujours présents dans les rangs du département agricole.

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  2. Au ministère de l’agriculture nous avons connu 2 excellents ministres Lassaad Ben Osman et Sadok Rabeh et par la suite nous n’avons connu que des « bras cassés’.
    Nikita Khrouchev l’ancien secrétaire général du parti communiste soviétique a demandé avant son éviction d’être nommé même un ministre de l’agriculture tellement ce ministère est sous estimé dans les pays du tiers monde comme chez nous. En Tunisie l’agriculture devrait occuper une place privilégiée mais malheureusement ce porte-feuille a été confié avant la révolution à des « bac moins 4 » comme Ben Rejeb et Bahri et autres et après la « révolution » à des ministres de plateaux télévisés comme Ben Salem ou de salles de couture comme Lachaal ou de crda comme Saddik, bref on n’a confié ce ministère qu’à des minables à quelques exceptions

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  3. je me rappelle bien de la mascarade du « dialogue national sur l’agriculture », c’était vraiment du n’importe quoi , produit disgracieux issu d’un mariage de deux entités « obscurantistes » : un ministre issu d’un classicisme des CRDAs et l’ignorance du premier responsable de l’ETAP. leurs produit avorté avant terme ne vaut même pas le papier sur le quel est écrit.

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  4. Malheureusement en Tunisie les politiciens surfent sur un autre univers. Ce qui se passe c’est un jeux de pouvoir tout azimut: syndicaliste, idéologique, capitalistique, de sympathie envers des personne ou des familles politiques… indépendamment des attentes et des choix du peuple…. Bref il me semble qu’il n’y a pas de notions d’appartenance ou d’adhésion à un projet le projet de la Tunisie nouvelle, un Etat de droit, d’institutions indépendantes et vigilantes, une économie développée, un climat social stable, un environnement propre, et surtout un fondement sur la valeur de ses ressources humaines et la qualification.
    Beaucoup de gens parmi eux les agriculteurs n’ont rien à voir avec la politique mais je ne sais pas si les grosses têtes du pays prennent en considération leurs souffrances dans les champs et sous les intempéries lors de leurs choix « politique »

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